UNE VIE SANS TEMPS MORT – génèse et processus
Une vie sans temps mort démarre à l’automne 2005, avec l’idée d’expérimenter le genre oublié du roman-photo et de le détourner de son encrage feuilleton & presse du coeur. Il se constitue progressivement pendant trois ans.
A deux, nous mettons en place des séances de prises de vue, de lectures, de discussions et de réflexion, autour du scénario. Le diaporama est créé suite à des séances de « tournage » réalisées sur un mode improvisé, en étroite liaison avec notre quotidien et sa géographie – Paris, Marseille et la campagne charentaise. Nous travaillons avec des moyens simples – un appareil photo numérique, un ordinateur, des livres et de quoi écrire. Nous choisissons d’être nous-mêmes les acteurs et d’interpréter plusieurs rôles, tout en laissant la porte ouverte, si l’occasion se présente, à l’entrée d’un autre protagoniste dans le roman.
Le roman-photo est une forme « légère » qui permet de réduire au maximum les contraintes économiques, techniques, sociales – dans la vie comme dans le roman, il s’agit d’identifier les différents processus de domination, afin de nous en libérer et de proposer un cheminement hors des territoires sous contrôle. Par la fiction, nous transformons l’environnement fonctionnel en terrain de Jeu : « Le Château » (chapitre 2) installé dans les moulins de Pantin, « Voyage en Chine » (chapitre 4) dans le 13ème arrondissement de Paris, « Voyage dans l’espace » (chapitre 5) par le biais de la salle de conférence du parti communiste, place du Colonel Fabien à Paris, transformée en soucoupe volante, …
VIVRE SANS TEMPS MORT ET JOUIR SANS ENTRAVE est une formule clef de mai 1968 – nous (re)lisons Guy Debord – La Société du Spectacle, Rapport sur la construction des situations ; nous (re)voyons ses films Critique de la séparation et In girum imus nocte et consimimur igni. En même temps, nous sommes avec Rabelais – voyages à travers les îles en quête de la dive bouteille, jeux tous azimuts. Dans Chemins qui ne mènent nulle part de Heidegger, un texte nous fait signe: « Pourquoi les poètes en temps de détresse ? ». Le temps de la détresse est le temps mort de la froide rationalité technique, matérialisé dans le roman par le système de répression « floodien ».